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Un premier jalon en vue d’une candidature à la tête de l’État, comme en 2002 ?



Christiane Taubira a quitté le gouvernement pour cause de « désaccord politique majeur ». Mais, l'ex-ministre de la Justice revient au centre des attentions avec la publication le mardi 2 février d'un livre intitulé « Murmures à la jeunesse « (Éditions Philippe Rey). Qu’on le dise tout de suite : ce n’est pas un règlement de compte. Christiane Taubira n’a pas publié ce livre cinq jours seulement après sa démission du gouvernement, pour dire tout le mal qu’elle peut penser de François Hollande. À peine quelques critiques voilées, à fleurets mouchetés. L’ex Garde des Sceaux écrit : « Il faut refuser de capituler intellectuellement, il faut comprendre pour anticiper. ». Une réponse en creux à la phrase du chef du gouvernement : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser.

Constitutionnalisation de l’État d’urgence, déchéance de nationalité, ce texte divise la majorité depuis des semaines et la Guyanaise apporte ici de l’eau au moulin des contestataires. Murmures à la jeunesse est une plaidoirie véhémente, forcément lyrique de la part de Christiane Taubira, qui n’a pas lésiné sur le réservoir à citations littéraires. Vingt pages de réquisitoire contre une mesure inefficace dans la lutte antiterroriste et pas dissuasive, considère l’ex-garde des Sceaux qui s’en prend surtout au symbole. Pas besoin d’avoir beaucoup d’imagination pour deviner l’usage qu’en feront les opposants à la mesure lors du débat parlementaire.

«Que serait le monde si chaque pays expulsait ses nationaux de naissance considérés comme indésirables ? fait-elle remarquer. Faudrait-il imaginer une terre-déchetterie où ils seraient regroupés ?». Elle y voit le danger, pour la gauche et le pays, d’offrir une victoire idéologique à l’extrême droite, à ces «obsédés de la différence, les maniaques de l’exclusion, les obnubilés de l’expulsion».

Pourquoi ce livre ?

Sa publication est aussi surprenante que la démission de son auteure. Le texte est daté du «18 janvier 2016». Soit cinq jours avant d’annoncer à François Hollande qu’elle quittait le gouvernement. Selon son éditeur, interrogé par l’AFP, ce dernier a été contacté par Taubira «vers le 10 janvier» pour une publication avant l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi constitutionnel. Tout s’est fait dans le plus grand secret : impression en Espagne, acheminement en France «sous un film opaque», ouvrage «sous X» sans mention de l’auteure ni du contenu pour éviter les fuites… Si Taubira voulait faire un coup, elle ne s’y serait pas prise autrement. Et si elle n’avait pas démissionné mercredi dernier, elle n’aurait pas pu rester place Vendôme avec un tel écrit en librairie.

Quelles conséquences ?

Ils devraient être quelques-uns, parmi les députés opposés à la déchéance de nationalité à venir, avec ce petit livre blanc dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. «Le feuilleton de la déchéance n’est pas terminé. Nous sommes encore loin de la porte du château de Versailles», veut croire le député PS de la Nièvre, Christian Paul, requinqué par ce soutien indirect que leur offre Taubira. Pour autant, celle qui se dit «loyale» à l’égard de Hollande ne devrait pas en faire plus. Pas sûr non plus que ces propos fassent changer d’avis ceux qui, au sein du groupe PS, se montrent déjà résignés à voter la mesure. Une façon pour eux, de rester «loyaux» à Hollande.

Est-ce pour un premier jalon en vue d’une candidature à la tête de l’État, comme en 2002 ? Voire, une rampe de lancement pour une primaire à gauche ?

« Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience.» écrit l’intéressée…

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